Cela n’a échappé à personne, c’est le mot tendance depuis quelques années que l’on soit dans l’univers de l’entrepreneuriat ou pas et cela le restera sans doute en cette année 2019 : startup !!! En effet, toute entreprise digne de ce nom qui se crée se doit d’être une startup 😊 avec cette injonction : sois une startup ou crève !!!
Ce qui est un pléonasme me diriez vous puisque toute entreprise qui se crée est par définition une startup. En effet, si l’on s’en tient à l’étymologie du mot startup en anglais, toute entreprise « qui démarre » et « qui est une jeune pousse » est une startup. Mais si on se limite à cette définition, nous serons très vite perdus dans le champ immense de la création d’entreprise et aurons sans doute du mal à identifier les entreprises disruptives qui sauront créer de la réelle valeur ajoutée à celles bénéficiant d’un effet de mode. Car là est l’enjeu majeur : savoir identifier les startups disruptives et créer un dialogue constructif avec ces dernières en tant que fonction achats ou autre, entreprises/directions métiers évoluant dans des secteurs « classiques » pour tirer réellement avantage des innovations apportées par les startups.
Tout ceci passe certainement par :
- Une meilleure compréhension de ce qu’est une startup au-delà des effets de mode (malheureusement nombreux)
- Une vision claire des objectifs/buts afin de réaliser un sourcing créateur de valeur ajoutée
- Une mise en place des processus/fonctionnement prenant en compte le stade de développement des startups avec une analyse des bénéfices/risques pour une prise de décision
Qu’est-ce qu’une startup ?
Ce qui caractérise une startup (en tout cas celles qui perdurent) au-delà d’être une jeune pousse par rapport à une entreprise quelconque est le côté novateur, disruptif qu’elle va avoir dans son offre de service/produit, une avancée technologique qu’elle va apporter face à un besoin spécifique.
Aussi, je ne vous apprendrai rien de nouveau en vous disant que les startups sont presque aussi vieilles que l’économie contrairement à ce que pourrait laisser penser toute la communication faite aujourd’hui. La startup n’est pas à cantonner au seul monde du numérique, de l’IT ou de la finance même si ces secteurs sont ceux connaissant un fort boom. En effet, une des premières startups à avoir été créée et qui a considérablement révolutionné notre mode de vie est sans doute celle nourrissant le rêve de créer le premier moteur universel capable de s’adapter à tout véhicule et tout environnement (eau, air, terre) par Gottlieb Daimler au XIXème dans sa serre (oui l’une des grandes marques que l’on connait aujourd’hui a commencé dans une serre 😊). Que l’on soit pro-véhicule ou pas, cette innovation a complètement changé nos modes de déplacements et a révolutionné une industrie même si la vulgarisation annoncée de la voiture autonome nous réserve sans doute encore des surprises.
Plus proches de nous et pour ne pas mentionner nos classiques GAFA, nous pouvons prendre comme exemples Blablacar ou Deliveroo qui ont eux aussi répondu à un besoin tout en faisant évoluer des secteurs économiques et nos modes de consommations.
C’est donc là la caractéristique et l’un des buts clés de la startup : sa capacité à changer le paradigme et installer une nouvelle norme de référence. Et dans ce jeu, la France s’en sort plutôt bien, contrairement à ce que pourraient laisser penser certains discours pessimistes sur la création d’entreprise. En effet, la France est un terreau fertile pour l’innovation comme le montre l’étude 2018 de l’institut mondial de l’entrepreneuriat et du développement (GEDI) : La France est classée 10ème après avoir été 13ème en 2017 et ceci devant l’Allemagne. Cela a été rendu possible ces dernières années par différentes initiatives publiques et privées. Sans être exhaustif, on peut citer :
- Le fameux slogan « startup nation » de Emmanuel Macron qui traduit ici une volonté politique de promouvoir la création d’entreprises même s’il va sans dire heureusement que la création d’entreprises n’a pas commencé avec lui
- Les divers financements publics dont ceux de la BPI (Banque Publique d’Investissement) ou diverses levées de fonds pour un montant de près de 2,6 Mds en 2018 à destination de startups françaises
- Le développement d’un écosystème de Fintechs dans le domaine Banque Assurance,
- Les incubateurs et campus de startups tels que Station F,
- Les différents projets de hubs innovations menés dans domaines aussi variés que la BioTech ou l’industrie chimique et pétrolière (exemple de Shell; oui je sais il ne fait pas bon de mentionner positivement l’industrie pétrolière de nos jours mais cela reste un fait et même ces industries commencent à comprendre l’intérêt de capter des startups qui vont les aider à aller au-delà des contraintes que sont les leurs aujourd’hui 😊)
- …
Tous ces éléments bien que non exhaustifs offrent aujourd’hui un potentiel de sourcing qui permet d’identifier les acteurs en lien avec les besoins/objectifs. Cependant, on peut très vite se retrouver noyé dans la masse d’informations, aussi, savoir séparer le bon grain de l’ivraie et identifier les startups qui porteront du fruit pour votre business est primordial.
Pour un sourcing et un dialogue efficient avec les startups
Comme pour tout projet d’entreprise, le sourcing efficace d’une startup requiert avant tout une bonne vision de l’entreprise qui souhaite collaborer avec la startup mais aussi pour la startup d’avoir une vision claire de son objectif final.
En effet, cela ne sert à rien d’organiser des hubs pour les grands groupes ou pour les startups de participer à ces derniers si l’on ne sait où l’on veut aller et quel objectif nous souhaitons atteindre.
Voici quelques pistes de réflexion pour réaliser un tel sourcing :
- Etablir un objectif et une vision clairs. Cela tient du bon sens me diriez vous mais comme dirait Descartes, « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » 😉 donc encore faut il savoir où nous souhaitons aller pour définir les moyens les plus pertinents pour atteindre notre but.
- Un autre élément qui peut rendre efficient notre sourcing et la manière dont nous le menons est la mise en place d’une méthodologie bénéfices/risques. En effet, plus les bénéfices que nous pensons tirer d’un service/produit sont élevés, plus nous serons enclins à investir et à prendre des risques quel que soit le degré d’incertitude que nous avons à l’instant T. Cela explique sans doute les levées de fonds que réussissent à faire certaines startups mais cela invite surtout à savoir prioriser les actions à mener, avec quels acteurs nous souhaitons les mener et comment (hubs, intégration startups, partenariats, joint-venture ou autres…)
- Également au service d’un sourcing efficace, un autre élément clé pour capter/dégager de la valeur ajoutée pour les grands groupes tout en assurant la pérennité de la startup est la capacité de chaque structure à interroger son mode de fonctionnement et à revoir si nécessaire ses processus en faisant preuve d’une certaine forme d’agilité selon l’objectif souhaité.
En effet, les modes organisationnels et les fonctionnements associés à une entreprise doivent être fonction de l’objectif visé. Cela requiert ainsi pour les différents acteurs d’avoir conscience de la typologie d’organisations dans laquelle ils évoluent et la logique sous-jacente qui soutient un mode de fonctionnement (organisation en mode projet, mode process avec des règles de validations claires, organisation en centre de profit…) afin d’identifier d’emblée les bons acteurs et les moyens de collaboration pertinents. Au-delà du financement, la non définition d’une carte de transformation, les éventuels biais dans la définition des moyens de collaboration de deux organisations différentes (processus mis en place) peuvent engendrer soit la réussite du partenariat soit entrainer la mort d’un des acteurs et éloigner la rentabilité tant espérée.
Ceci explique sans doute la faillite de plusieurs startups qui se sont associées à des acteurs n’étant pas les plus pertinents pour leur croissance car les modes organisationnels associés ne favorisaient pas une synergie fructueuse, ou encore ces startups qui, intégrées à des grands groupes, deviennent incapables de faire preuve de la même créativité car leur écosystème et les processus associés ne sont plus propices à l’innovation.
- Au-delà des aspects stratégiques que nous venons de voir, il existe aujourd’hui des plateformes d’identification de startups qui sont de bons moyens d’aide à la décision. En effet, ces outils ont compris l’importance du dialogue entre les startups et les grandes entreprises en vue de faciliter leurs relations commerciales.
Ainsi la BPI a lancé en novembre dernier son « Tinder de l’innovation » en identifiant les startups matures en France dédiées aux activités B to B. Cet outil met à disposition des grands groupes des informations clés sur les startups pour aider celles-ci à identifier celles qui seront les plus pertinentes face à leur stratégie et définir le niveau de risques éventuels… En plus de la BPI, vous avez d’autres sociétés (elles-mêmes startups) qui ont développé des outils de mise en relation entre grands groupes et startups et des cabinets de conseil qui se sont spécialisés dans l’aide à la décision auprès des startups et grands groupes dans le cadre de joint-venture.
Nous avons aussi les contraintes juridiques/administratives auxquelles certains grands groupes astreignent les startups lors des processus d’appel d’offres qui, au lieu de capter de la valeur, entraînent plutôt une méfiance envers ceux-ci. Heureusement, certains acteurs du CAC 40 comprennent de mieux en mieux l’intérêt de collaborer avec les startups et mettent aujourd’hui en place des processus moins contraignants pour atteindre leurs finalités stratégiques.
Tout cela invite donc chaque structure et chaque fonction (dont la fonction achats) à avoir conscience de ses objectifs, à interroger son modèle, à être prêtes à amender celui-ci pour être disruptives dans une économie en constant changement.