Nous en avons tous conscience, cela fait partie des outils à mobiliser dans l’exercice de la fonction achats mais combien sommes-nous réellement à le mettre en pratique de manière régulière dans l’exercice de nos fonctions ?  Oui comme dans un large éventail de métiers notamment ceux du marketing, le benchmark est un élément clé dans la fonction achats mais malheureusement parfois peu valorisé et mobilisé.

Qu’entendons-nous par benchmark achats ?

 

S’agit-il d’un partage d’informations sur le prix entre acheteurs ? Non (pas que 😉), soyez rassurés ! Le benchmark achats est simplement une démarche d’observation et d’analyse des pratiques achats utilisées au sein d’autres entités achats dans le but d’identifier les pratiques performantes et celles l’étant moins afin de permettre aux acteurs achats d’améliorer leurs pratiques et d’être force de proposition en fonction du contexte dans lequel ils évoluent. En effet, un benchmark efficace c’est aussi savoir tenir compte du contexte pour dégager les solutions efficientes s’adaptant au mieux à notre organisation.

Vu ainsi, le benchmark dans l’exercice de la fonction achats devrait être une pratique courante et valorisée. Ceci d’autant plus que de nombreux espaces (achats et métiers) existent aujourd’hui pour favoriser cela, notamment l’ADRA, les rencontres du CNA, l’UDA ou les clubs achats sectoriels pour ne citer que ceux-là…Malheureusement, force est de constater que souvent peu d’acheteurs s’inscrivent dans cette démarche faute de moyens, de temps mais surtout (et ce n’est qu’un avis) par manque de conscience de l’intérêt du benchmark dans l’atteinte de leurs objectifs achats et l’enrichissement personnel qu’ils peuvent en tirer.

En effet, la pratique du benchmark achats est fortement liée à la vision, aux objectifs que l’on souhaite atteindre dans l’exercice de son métier d’acheteur. Si l’on veut s’inscrire dans une logique de création de valeur ajoutée, de participation à l’atteinte des objectifs au-delà de l’opérationnel achats, le benchmark n’est plus seulement utile mais indispensable.

Les bénéfices du benchmark achats :

 

  • Il oblige à un auto-diagnostic dans la façon d’exercer notre métier et à nous sortir la « tête du guidon ». En effet, rien de tel que de regarder/échanger sur ce que font les autres pour nous obliger à lever les yeux, s’arrêter, s’interroger sur notre pratique et voir si nous sommes toujours dans notre ligne d’objectif/vision et que le moyen n’est pas devenu un objectif en soi.

Au-delà de la connaissance du marché qu’il permet, le benchmark nous oblige à nous interroger sur nos pratiques achats. Car ce n’est que quand nous commençons à nous interroger sur nos habitudes que nous sommes prêts à être à l’écoute de l’autre, à un réel changement et envisager une autre façon de faire ou une autre solution pour atteindre nos objectifs.

  • Il nous amène à un renouvellement par l’intelligence collective : bénéficier de l’intelligence collective pour répondre à nos problématiques. En effet, confronter au regard de nos pairs, le benchmark au-delà de l’autodiagnostic auquel il nous invite, nous donne la possibilité de grandir en maturité en confrontant nos pratiques à celles des autres, d’élargir notre champ de savoir et de bénéficier des bonnes pratiques qui ressortent de l’échange et le partage de solutions.
  • Il aide l’acheteur à se positionner comme apporteur de solutions en permettant une meilleure connaissance du marché. Ainsi l’acheteur peut endosser plus aisément un rôle de conseil face à ces directions métiers. En effet, tout comme l’acheteur est souvent pris par son quotidien, les directions métiers le sont tout autant. Ainsi, l’acheteur, en faisant des suggestions de sourcing ou en alertant/interrogeant le client sur un risque éventuel dans un processus d’appel d’offres, peut être celui qui va permettre à l’entreprise d’avoir accès à une solution innovante ou à pallier un risque auquel son client n’avait pas pensé.
  • Il permet à l’acheteur de jouer un rôle de « mise en relation » : les rencontres que nous pouvons faire lors de nos benchmarks peuvent aussi être une occasion de mettre nos directions métiers en lien avec des organisations confrontées aux mêmes problématiques que la nôtre.
  • Il permet à l’acheteur de gagner de la crédibilité dans ses échanges avec ses clients internes et ses prestataires car porteur d’une connaissance plus étendue du sujet traité. En effet, l’acheteur sera d’avantage en mesure d’appréhender plus facilement les besoins de son client, les enjeux associés, de challenger ses prestataires s’il comprend mieux l’écosystème dans lequel il évolue. Vous me direz peut-être qu’une recherche Google permet cela ! Certes mais aussi efficace que soit une recherche Google, cette dernière ne permet pas encore de remplacer les subtilités d’une interaction humaine que nous apporte un échange de benchmark avec des pairs.

De plus, au-delà d’apporter de la valeur à nos clients et à notre organisation, la pratique du benchmark est un excellent moyen de s’enrichir soi-même en apprenant des autres et en étant plus conscient de ce qui se joue dans notre écosystème.

Ces points énumèrent de manière non exhaustive les bénéfices que peut avoir la pratique du benchmark achats. Cependant, vous vous en doutiez certainement, ces éléments positifs n’auront de l’impact et ne créeront de la valeur au sein de votre organisation que si elles sont partagées. Aussi, acheteurs, responsables achats, n’hésitez pas à partager à vos clients internes, à vos collègues achats, les informations que vous aurez tirées de vos rencontres de benchmark.

Ce partage peut prendre différentes formes selon votre contexte et vos objectifs : point téléphonique, réunion, partage autour d’un déjeuner ou café, article dans un journal ou outil intranet achats si vous en possédez un, rencontre achats/directions métiers… Ce sont peut-être ces actions qui vont vous permettre en tant qu’acteur achats de rejoindre la stratégie de votre entreprise, de créer de la valeur tout en vous enrichissant vous-même par l’élargissement de votre champ de savoirs.

Certes cela requiert du temps, de l’investissement mais ne dit-on pas que l’on est prêt à consacrer du temps pour ce qui nous est bénéfique ou semble important ?! Maintenant acteurs achats à vous de jouer !